Elections régionales 2015 – Fabien ROUSSEL : «L’ennemi, c’est le système qui broie les hommes»
Fabien ROUSSEL : «L’ennemi, c’est le système qui broie les hommes»
Il est la tête de liste communiste régionale lors des échéances des 6 et 13 décembre. Il compte bien partir sous une bannière estampillée Front de gauche, joue toujours à cache-cache avec les écologistes et reste déterminé. À telle enseigne qu’il présente ses candidats à la grande région aujourd’hui à Lille.
– Vous avez été désigné tête de liste régionale par les militants communistes en juin. Comment votre campagne s’est-elle organisée ?
« Je me suis beaucoup déplacé sur des questions centrées sur l’emploi. J’ai rencontré beaucoup de salariés, de responsables syndicaux. La question du travail et des salaires va être au cœur de notre campagne. Je suis allé chez Arjowiggins, j’ai rencontré des cheminots, je me suis battu pour les Forges de Fresnes, il y a le véritable scandale de Sambre et Meuse… On doit faire la preuve qu’il est possible de préserver nos usines, nos emplois et nos salaires. Je me préoccupe aussi beaucoup de nos aînés, qui subissent le plus les politiques d’austérité. »
– Quel message délivrez-vous ?
« Je veux montrer qu’on a beaucoup d‘atouts. Il faut remettre des étoiles dans les yeux de notre jeunesse. On est une région riche, forte, fière. Un exemple : nous sommes la première région automobile de France. Nous avons les principaux constructeurs. On produit aujourd’hui 520 000 véhicules par an dans la région. Les projections prévoient une hausse des immatriculations. Dans les cinq ans qui viennent, on va produire 900 000 véhicules. C’est près de 10 000 emplois. Nous devons être une région combative qui sait se faire respecter. »
– Vous présentez donc votre propre liste aux régionales ?
« Oui, même si nous laisserons quelques places pour les personnalités qui n’ont pas encore donné leur réponse, et pour laisser la place à ceux qui voudraient nous rejoindre dans les semaines qui viennent. Ces listes pourront encore bouger. Nous voulons le rassemblement le plus large et le plus efficace, y compris avec d’autres forces politiques. »
– Mais vous êtes plusieurs à tenir ce discours : Parti de gauche (Mélenchon), écologistes…
« Je mets en avant la question de la cohérence entre le discours et les actes. Je rappelle que nous ne faisons pas partie de l’exécutif régional actuel (NDLR : c’est en revanche le cas d’Europe Écologie-Les Verts). Nous, nous n’avons pas partagé les choix budgétaires de la Région. Il n’empêche, demain, un rassemblement sur un discours fort et cohérent, c’est possible. »
– Pourquoi n’a-t-il pas déjà eu lieu ?
« Ça a été fait dans d’autres régions, notamment en PACA (union EELV-Front de gauche). Ce grand rassemblement, je propose de le faire ici. Il peut y avoir deux têtes de liste : Unis pour la région, avec Sandrine Rousseau et Fabien Roussel… Les communistes y sont prêts. J’aimerais juste que Sandrine Rousseau (tête de liste EELV) accepte ce que les communistes de PACA ont accepté (NDLR : le PC a consenti à laisser la tête de liste officielle à la Verte, c’est le renvoi d’ascenseur qui est attendu ici – lire aussi page 7). »
– Les sondages peu favorables n’ont pas changé votre approche ?
« Une liste Front de gauche fait 9 %, c’est plutôt positif. Nous sommes un rassemblement qui ne s’effondre pas. Il n’augmente pas, mais il ne baisse pas. Nous pouvons mettre toutes les chances de notre côté en y allant unis. Le système médiatico-sondagier martèle une musique. On va en faire entendre une autre. »
– On a parfois l’impression que l’ennemi, c’est le Parti socialiste…
« Non. Beaucoup d’électeurs de gauche sont désabusés. On se sent trahis par la politique menée par ce gouvernement. Mais l’ennemi, c’est le système économique qui broie les hommes. Mon ennemi, c’est vraiment la finance. Nul ne pourra contester aux communistes d’avoir toujours été droits dans leurs bottes sur le sujet. »
– Que pensez-vous de la campagne de vos concurrents ?
« Il faut qu’ils soient cohérents. Xavier Bertrand ne peut pas dénoncer les travailleurs détachés après avoir défendu les traités européens. Pierre de Saintignon ne peut pas contester la politique du gouvernement et emmener dans sa liste des anciens ministres et des députés ayant voté les lois de ce gouvernement qui a trahi les électeurs de gauche. C’est pour ça que les gens boudent les urnes. »
– Marine Le Pen a une avance importante sur vous…
« Le problème, ça n’est pas Marine Le Pen, c’est le chômage. Notre région est ouvrière. Cette culture est encore forte, on a encore beaucoup d’usines. Les salariés que je rencontre ont toujours le cœur rouge, mais ils ont la colère noire. Je les comprends. La colère s’exprime à travers le FN, mais je leur dis que cela finit dans une impasse parce qu’au final, le FN est battu. Il faut arrêter de mettre Marine Le Pen au centre du débat. »
Source : La Voix du Nord
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